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QUELLE QUANTITÉ DE NOURRITURE DEVRAIS-JE DONNER À MON CHEVAL?

En tant que consultants en nutrition équine, s’il y a une question qu’on nous pose très souvent, c’est bien « combien faut-il en donner? » La réponse simple serait qu’il faut lire l’étiquette, où l’on trouve les quantités de moulée en kilogrammes à offrir en fonction du poids de votre cheval et de son degré d’activité. Cependant, une fois l’étiquette lue, il nous arrive très souvent qu’on nous réponde : « Mais, je ne peux pas offrir tout ça à mon cheval, c’est beaucoup trop de moulée! »

Selon la situation de votre cheval, nous pourrions très bien être d’accord avec vous.

CALCUL GÉNÉRAL DE LA RATION

En ajoutant de la moulée à la ration de fourrage de votre cheval, nous tentons d’atteindre deux objectifs
en même temps, soit de :

  1. Répondre aux besoins énergétiques quotidiens de votre cheval pour qu’il maintienne un bon état de chair.
  2. Répondre aux besoins en vitamines et minéraux de votre cheval, selon son poids, son stade de vie et son niveau d’activité.

La difficulté, c’est que deux chevaux ayant le même gabarit et niveau d’activité auront les mêmes
besoins en vitamines et minéraux, mais ils n’auront pas nécessairement les mêmes besoins
énergétiques. Voyons pourquoi en détail :

  1. Besoins énergétiques quotidiens: Le métabolisme varie d’un cheval à l’autre, tout comme chez les humains. Certaines personnes peuvent manger des pâtes et du dessert tous les jours tout en restant minces, tandis que d’autres doivent se contenter de salades pour ne pas gagner de poids. Il se peut très bien qu’un thoroughbred qui consomme trois repas de 2,5 kg par jour arrive tout juste à maintenir sa cote de chair et qu’un Canadien engraisse en regardant à peine son foin et qu’il doive porter une muselière anti-broutage au pâturage. Ces différences de métabolisme ont une origine génétique. Au fil des années, les thoroughbred ont été élevés pour en faire de véritables machines de course, ce qui en fait des chevaux à sang chaud, toujours alertes, toujours vigilants, toujours actifs et toujours nerveux. Tout cela exige de l’énergie. Ainsi, même si vous lui offrez trois repas par jour pour essayer de conserver une mince couche de gras sur ses côtes, cette énergie supplémentaire est dépensée à faire des allers-retours dans son paddock et à stresser. De l’autre côté du spectre, l’élevage a fait du Canadien un cheval polyvalent et prêt à affronter toute situation. Il a été conçu pour le travail, pour son endurance, ainsi que pour son tempérament froid et digne de confiance, quelle que soit la situation. Ce cheval ne s’inquiète pas outre mesure et il nécessite une énergie moins vive étalée sur une plus longue période. Son métabolisme agit de manière plus lente et constante et chaque calorie consommée est convertie efficacement.
  2. Besoins en vitamines et minéraux : Les chevaux au même stade de vie ayant le même poids et le même niveau d’activité physique auront les mêmes besoins en vitamines et minéraux, et ce, même s’ils ont des métabolismes différents. Lorsqu’on prépare la formulation d’une moulée, il faut ajouter des vitamines et des minéraux en concentration adaptée à la consommation d’un cheval difficile à engraisser qui doit consommer davantage de moulée pour maintenir son état de chair.

Pourquoi donc? Parce que si les formulations étaient faites en fonction des besoins en vitamines et minéraux d’un cheval qui maintient aisément son état de chair et qui ne reçoit qu’un kilogramme de moulée par jour, comme le Canadien dont on parlait précédemment, le Thoroughbred qui en nécessite cinq par jour recevrait cinq fois la dose de vitamines et minéraux requise! À long terme, l’excès de certains minéraux et vitamines est nocif et peut mener à la toxicité. C’est pourquoi nous devons préparer des formules qui répondent aux besoins des chevaux qui perdent facilement du poids et qui doivent consommer de plus grandes quantités de nourriture.

ALORS, QUELLE QUANTITÉ DE MOULÉE DEVRAIS-JE DONNER À MON CHEVAL?

Vous savez maintenant que, même si ces deux chevaux ont des besoins énergétiques très différents pour maintenir un bel état de chair, ils ont toutefois les mêmes besoins en vitamines et minéraux.

Combien de moulée faut-il leur donner alors? Nous recommandons d’ajuster la ration en fonction de l’état de chair. Le terme état de chair désigne la quantité de gras stockée dans le corps. Il est plutôt facile d’évaluer l’état de chair des chevaux puisque le gras est principalement stocké sous la peau, ce qui le rend aisément visible et palpable. Dans l’industrie équine, on a recours à l’échelle de Henneke, mise au point dans les années 1980 par le Dr Don Henneke de l’Université Texas A&M. Les indices d’état de chair sont présentés sur une échelle de 1 à 9, où 1 correspond à un cheval très émacié et 9 correspond à un cheval extrêmement gras. L’état de chair idéal dépend du stade de vie du cheval. Par exemple, un cheval moyen à l’entretien aurait idéalement la cote 5. Chez la jument poulinière, un indice de 6 favorisera la fertilité et augmentera les chances de conception. On visera plutôt une cote de 4,5 à 5 chez un poulain pour éviter les problèmes de croissance. Il est préférable d’utiliser ses mains et non ses yeux pour évaluer l’état de chair d’un cheval.

L’évaluation visuelle seule peut être très trompeuse. La conformation, la musculature et la morphologie d’un cheval pourraient vous induire en erreur et vous mener à une sous-évaluation ou une surévaluation de l’état de chair. Vos doigts ne mentiront pas. Comme nous l’avons dit précédemment, les réserves de gras des chevaux se trouvent sous la peau, ce que vous pouvez palper aisément. Les réserves de gras sont stockées principalement le long de l’encolure, le long du garrot, à l’arrière de l’épaule, dans le sillon de la croupe, à l’attache de la queue et sur les côtes. Lorsque vous évaluez l’état de chair, adoptez une attitude objective. Palpez toutes les parties du corps nommées ci-dessus pour vous donner un bon aperçu de l’état du cheval. Portez une attention particulière aux côtes. En effet, il n’y a jamais de muscle par-dessus les côtes. Si vous voyez les côtes à l’œil nu, c’est que le cheval n’est pas assez gras. Si vous ne les sentez pas avec vos doigts, il est trop gras. Rappelez-vous qu’un gonflement de l’abdomen (la fameuse « bedaine de foin ») n’est pas de l’embonpoint, il est causé par une mauvaise digestion du foin. Ne vous laissez pas berner par la conformation non plus. Un cheval ayant moins de coffre qu’un Quarter Horse bien musclé pourrait très bien être plus gras que ce dernier. C’est pourquoi il est si important que vous preniez le temps de bien palper le cheval de vos mains.

Lorsque vous aurez évalué l’état de chair de votre cheval, vous serez en mesure de déterminer la quantité de moulée à lui offrir. Si votre cheval est trop maigre, vous devez augmenter sa ration. En revanche, si son indice d’état de chair est trop élevé, sa ration doit diminuer. Et si l’état de chair de votre cheval est adéquat, ce qu’il reçoit est certainement suffisant.

C’est une fois qu’on a établi la quantité de moulée à offrir que ça se complique. Comme nous l’avons précisé plus tôt, les recommandations sur l’étiquette garantissent que votre cheval reçoit les proportions de vitamines et minéraux dont il a besoin. Cela veut dire que tout cheval qui consomme moins de moulée que la quantité recommandée aura une carence en vitamines et minéraux. Donc, si vous êtes propriétaires du Canadien décrit ci-haut, il est bien possible qu’il ait une cote de chair de 6 à 8 sur l’échelle de Henneke en consommant uniquement du foin. À moins qu’on lui fournisse un supplément compensateur, ce cheval aura des carences en vitamines et minéraux. Même les foins de bonne qualité ne permettent pas de combler tous les besoins nutritionnels d’un cheval. Dans plusieurs régions du Canada, particulièrement dans l’Est, nos sols ne contiennent que très peu de sélénium, voire pas du tout. Il ne peut donc pas se trouver dans le foin qui y pousse. Sans compter que les vitamines présentes dans le foin se dégradent avec le temps. En outre, la teneur en minéraux d’un foin est fortement dépendante de la qualité du sol, de l’année, du moment de la récolte, de l’emplacement du champ, etc.

Pour conclure, la prochaine fois que vous vous demanderez combien de nourriture vous devriez lui offrir à votre cheval, enlevez vos gants et palpez-le pour faire une évaluation objective de son état de chair. Vous serez ainsi en mesure de décider si les recommandations de l’étiquette sont adaptées à votre cheval. Si votre cheval nécessite moins de moulée que ce qui est indiqué, équilibrez la ration avec un supplément compensateur. Les chevaux qui ont une cote de chair élevée en ne consommant que du foin avec une poignée ou une tasse de moulée n’en ont pas véritablement besoin. Ils devraient plutôt recevoir un supplément compensateur. La clé de l’exercice, c’est de rester le plus objectif possible pendant votre évaluation. La quantité de moulée à offrir à votre cheval ne devrait pas exiger de calculs mathématiques complexes. Laissez le cheval vous guider.

LES CONSEILS DE PURINA

Lorsqu’on donne moins de moulée que la quantité recommandée, il est essentiel de fournir un supplément compensateur équilibré à son cheval pour s’assurer qu’il obtienne toutes les vitamines et tous les minéraux nécessaires sans ajouter de calories à la ration. Chez Purina, Equilizer et Optimal ont été conçus comme suppléments compensateurs pour nos moulées. En effet, 200 g d’Equilizer et 300 g d’Optimal contiennent la même quantité de vitamines et minéraux que 1 kg de nos moulées tout en fournissant très peu de calories. De cette manière, un propriétaire peut consulter l’étiquette de la moulée Purina qu’il utilise pour connaître les valeurs recommandées pour son cheval. Si l’état de chair de son cheval le justifie, il peut donc offrir 200 g d’Equilizer ou 300 g d’Optimal pour chaque kilogramme de moulée retranchée. En combinant les produits de cette manière, il est possible de nourrir son cheval en fonction de son état de chair tout en s’assurant qu’il n’ait aucune carence de vitamines et minéraux.

Pour d’autres conseils sur le calcul d’une ration équilibrée en vitamines et minéraux, consultez le consultant en nutrition équine Purina de votre région, ou l’un de nos conseillers de Purina Connect.