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Digestibilité dynamique des fourrages – un nouveau regard sur la fibre NDF

hands holding silage

Le début de la saison des foins est toujours rempli d’anticipation : est-ce que ce sera une année record en termes de rendement? La qualité égalera-t-elle ou surpassera-telle celle de l’année précédente? Serons-nous capables de compenser les prix élevés des aliments avec des fourrages de haute qualité? Les conditions climatiques nous obligeront-elles à essayer de nouveaux fourrages ou à revoir nos plans de cultures? Malgré qu’il y ait plusieurs impondérables durant cette période, il ne faut pas perdre le focus de faire des fourrages de qualité puisqu’ils constituent la base des programmes alimentaires. En règle générale sur une entreprise laitière, la plupart des gens en conviendraient que l’énoncé « l’alimentation des animaux représente 60 % des coûts » est relativement exact. Par conséquent, les producteurs laitiers sont toujours à la recherche de moyens pour réduire le coût des achats d’aliments et la première ligne de mire doit être dirigée vers les champs, où les fourrages sont cultivés. Les deux facteurs nutritionnels les plus importants afin d’établir des programmes alimentaires rentables pour une santé et une performance optimale à long terme des vaches sont la qualité et l’uniformité des fourrages.

Lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité des fourrages qui ont été récoltés, celle-ci va bien audelà du niveau de protéines de l’ensilage d’herbe ou du niveau d’amidon de l’ensilage de maïs. Alors que le sucre, l’amidon et la protéine sont hautement digestibles dans la plupart des fourrages, c’est la digestibilité des fibres qui catégorise les fourrages. La fibre, plus précisément la fibre au détergent neutre (NDF), peut fournir une quantité importante d’énergie pour aider à répondre aux besoins énergétiques des troupeaux productifs d’aujourd’hui, mais tout dépend de sa digestibilité.

En général, de 60 % à 80 % du niveau de NDF est potentiellement digestible dans le rumen, tandis que la partie restante est complètement non digestible et se retrouvera dans le fumier (Figure 1).

Figure 1

Dans le rumen, la fibre NDF est digérée lentement durant 30 à 40 heures et, pendant ce temps, seulement 40 % à 60 % de la NDF est réellement digérée (NDF digestible – NDFD) et converti en énergie et en biomasse microbienne. Seule la NDF digestible est une source précieuse d’énergie et un excès de NDF non digestible (uNDF240) limitera, quant à lui, la prise alimentaire. Par conséquent, avoir une mesure précise de la digestibilité de la NDF déterminera non seulement la quantité d’énergie pouvant être extraite du fourrage, mais également la quantité de matière sèche (MS) que les vaches
pourront consommer.

Les progrès récents dans la détermination de la digestibilité de la fibre NDF permettent d’évaluer la façon dont les fourrages se comportent dans le tube digestif de la vache, permettant aux nutritionnistes d’optimiser l’utilisation des fourrages et des aliments à la ferme pour une meilleure prédiction lors d’un changement de ration. Dans le passé, une seule estimation ponctuelle de 24, 30 ou 48 heures était utilisée pour déterminer la digestibilité de la fibre NDF.

Cependant, les vaches nous ont toujours dit que la digestion de la fibre NDF est beaucoup plus dynamique que cela et un seul point dans le temps n’était pas en mesure de capturer cette variabilité. Une nouvelle méthodologie qui détermine à la fois la vitesse de dégradation et la digestibilité potentielle de la fi bre NDF dans le rumen sur une période complète de 240 heures a été développée pour fournir des profi ls de digestion dynamique de la fi bre NDF en temps réel pour les fourrages.

La Figure 2 aide à visualiser ce concept de digestibilité dynamique dans le rumen pour deux échantillons différents d’ensilage mélangé. Nous pouvons voir que l’ensilage A (ligne orange) suit d’assez près la courbe « moyenne » d’échantillon (ligne bleue) pour la dégradation de la fi bre NDF – tant pour la vitesse à laquelle il est digéré (NDF Kd) que pour la quantité de NDF potentiellement digestible (NDF Extent).

Figure 2

En comparaison, l’ensilage B est digéré plus lentement que la moyenne et il contient moins de NDF potentiellement digestible. Pour compléter l’analyse de ces deux fourrages (Tableau 1), la meilleure digestibilité de l’ensilage A entraînera une consommation de MS supérieure, apportant plus de nutriments disponibles au rumen. Par conséquent, l’énergie sera signifi cativement plus élevée, ce qui permettra d’optimiser la production laitière et pourra entraîner une amélioration du retour sur l’alimentation (RSA).

Quelle valeur ajoutée estce que cela apporte aux producteurs laitiers?

  1. Énergie : La NDFD est l’une des principales sources d’énergie pour les ruminants. Elle fournit à la fl ore ruminale une forme très stable d’énergie saine. Avec le prix actuel du maïs, les producteurs ne peuvent pas se permettre de ne pas porter une attention particulière sur l’énergie potentielle qui se trouve dans leurs fourrages. Bien que les conditions météorologiques et de croissance, la fertilité des sols et la sélection des variétés jouent tous un rôle, la récolte à la bonne maturité est de loin la principale force motrice derrière la maximisation de la NDFD dans les fourrages. Une fois récoltée au bon moment, une bonne gestion du chantier et un entreposage approprié sont Suite à la page 24 nécessaires pour garantir que cette énergie soit correctement conservée.
  2. Consommation : La NDFD et le uNDF240 impactent la consommation de MS. Chaque unité supplémentaire de NDFD est associée à 0,17 kilogramme MS par jour de consommation de plus et 0,23 kilogramme par jour de production de lait de plus. Pour les rations, en particulier pour les vaches fraîches et hautes productrices, évaluer le uNDF240 en pourcentage du poids corporel de la vache peut être un autre moyen d’anticiper les changements de consommation de MS lorsque nous changeons de fourrage. Nous pouvons aller plus loin et examiner le uNDF240 physiquement effi cace (peuNDF240) dans une ration. Il associe les caractéristiques physiques et chimiques du fourrage qui ont une infl uence signifi cative sur la consommation de MS. Cela nécessite de connaître les résultats du séparateur de particules Penn State pour chaque fourrage et aliment à la ferme, ainsi qu’une mesure précise du uNDF240.
  3. Prédiction améliorée : Lorsqu’on examine les courbes de digestibilité de la fi bre NDF, les 40 premières heures sont les plus révélatrices sur l’activité ruminale anticipée. L’utilisation de ces informations donne aux nutritionnistes une meilleure idée du balancement précis de la ration afi n d’optimiser l’utilisation des ingrédients à la ferme et d’assurer des performances constantes au meilleur coût. Par exemple, comme la digestibilité de la fi bre NDF de l’ensilage B est inférieure à la moyenne (Figure 3), on pourrait envisager de retirer la paille de la ration s’il y en avait, car l’ensilage B a une vitesse de dégradation plus lente. Avec cette information, il devient plus facile de combiner différents fourrages à la ferme pour synchroniser effi cacement et de façon constante l’apport en énergie au rumen.
  4. Alimentation ciblée : Être en mesure d’évaluer et de comparer tous les fourrages de la ferme quant à leur apport en NDFD est essentiel pour garantir l’utilisation des bons aliments aux bons groupes. Les fourrages avec une NDFD élevée sont plus adaptés aux vaches hautes productrices, car ils fourniront plus d’énergie et un potentiel de consommation de MS plus élevé. Les fourrages moins digestibles pourront être utilisés pour les groupes à plus faible production, les fi ns de lactation ou les génisses, ce qui est plus logique d’un point de vue économique et nutritionnel. Prenez le temps d’examiner les résultats avec votre nutritionniste pour faire les meilleurs choix selon votre entreprise et vos objectifs.
Figure 3

Avec la venue de la nutrition dynamique et l’amélioration de la prédiction de la digestibilité des fourrages, les rations sont de plus en plus précises, mais l’alimentation ne constitue qu’un aspect parmi tant d’autres. Nous devons garder en tête qu’une vue d’ensemble de l’entreprise doit toujours être à considérer. Les défi s au sein des entreprises laitières – qu’il s’agisse de stress thermique, de ventilation, de surpeuplement, de gestion de la mangeoire, d’accès à l’eau, de confort, pour n’en nommer que quelques-uns – peuvent minimiser la valeur ajoutée des fourrages de haute qualité. Les vaches nous donnent l’heure juste et les signaux qu’elles nous envoient peuvent nous donner des indices à savoir si les opportunités sont nutritionnelles ou non.

Ainsi, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour optimiser les performances des troupeaux laitiers, mais travailler avec un conseiller de confi ance ainsi que des analyses précises et complètes des fourrages peut changer l’énoncé « l’alimentation représente 60 % des coûts » en « mes fourrages améliorent la rentabilité de mon entreprise ».